Les Français et les Portugais se réunissent, tous les ans, pour commémorer la Bataille de La Lys de 1918. Ceci est un évènement franco-portugais et je ne voudrais pas manquer l’occasion de mentionner la contribution d’amitié et tradition des Mairies de La Couture et de Richebourg, des autorités militaires et policières et de tous les civils et militaires qui s’associent toujours à cette commémoration.
Permettez-moi aussi d’adresser, à cette occasion, une salutation spéciale à Monsieur l’Amiral, représentant des Forces Armées portugaises, ainsi qu’aux Associations des Anciens Combattants qui, au long des années, gardent un souvenir de nos sacrifices collectifs.
C’est la première fois, comme Ambassadeur du Portugal en France, que je participe à la cérémonie qui commémore la bataille de La Lys. J’aimerais vous dire que je ne suis pas ici pour accomplir une routine. Je suis ici pour accomplir un devoir. Un devoir de portugais et un devoir d’européen.
Je commence par une remarque personnelle. Il y a plus de 40 ans, j’ai visité le cimetière de Richebourg, comme un simple citoyen. Je suis venu à la recherche de la mémoire de ce qui fut une aventure tragique pour le Portugal, une aventure qu’on évoquait, tous les ans, le 9 avril, dans ma ville natale. Je suis un compatriote de celui qui est resté connu comme le soldat Milhões, une figure que je me rappelle avoir vu, muni des nombreuses décorations sur la poitrine, dans le pèlerinage annuel au monument à Carvalho Araújo, lui aussi un héros portugais de la 1ère Guerre Mondiale, un vaillant marin, qui a donné sa vie pour sauver un navire de passagers attaqué par un sous-marin allemand.
De nombreux soldats qui gisent aujourd’hui au cimetière de Richebourg, sont originaires de Trás-os-Montes, ma région natale, située au Nord du Portugal. Des hommes qui, dans leur simplicité, ont su honorer l’uniforme qu’ils portaient, même ayant été les protagonistes d’une défaite, mais une défaite au sein d’une guerre qu’ils ont contribué à gagner.
L’Histoire du Portugal, dont nous sommes très fiers, et avec laquelle les portugais vivent aujourd’hui une relation de grande sérénité, est faite de bons et de mauvais moments, de victoires et de défaites. Mais, ce n’est pas par hasard si aujourd’hui nous sommes un pays indépendant, avec des frontières reconnues depuis huit siècles. Cela est arrivé, car beaucoup sont morts pour le drapeau du Portugal, dans l’accomplissement des missions qui leur ont été confiées. Dans les victoires et dans les défaites.
Le débat sur la participation du Portugal à la 1ère Guerre Mondiale, n’est pas un sujet clos dans mon pays. Au-delà de tous ceux qui contestent l’option du Gouvernement républicain de s’unir aux alliés, d’autres croient que le pouvoir politique n’a pas bien pris soin des conditions dans lesquelles cette intervention s’est déroulée et qu’il y a eu des décisions qui ont fragilisé cette même participation. Ce débat continue et il est important qu’il ait lieu. Pourquoi ? Pour que nous puissions apporter une réponse véritable face à tous ces morts, devant toutes ces croix. Il est de notre responsabilité de rendre bien claire la raison pour laquelle ils sont morts.
Les pays et les peuples ne doivent pas seulement commémorer les batailles qu’ils ont emporté. Les défaites font partie de la vie, comme elles font partie de l’Histoire. C’est pourquoi, les hommes qui sont au Cimetière de Richebourg, sont des figures de notre Histoire, dont nous sommes fiers, parce qu’ils sont venus, loin de leur pays, défendre les valeurs que leur Gouvernement a cru devoir protéger, à une époque où il était nécessaire de défendre la liberté de l’Europe. Ces hommes, ces soldats, certainement mal équipés, peu entraînés et exposés à un environnement très différent de leur pays d’origine, sont venus ici pour montrer qu’un pays dont sa métropole n’avait pas encore été atteinte par la guerre, était, néanmoins, un pays qui se sentait concerné par cette guerre. Et ces hommes, ces soldats, ont lutté et sont morts, se sont sacrifiés avec honneur, probablement inconscients des valeurs pour lesquelles ils combattaient, sauf qu’il luttaient sous le drapeau portugais. Ce qui rend encore plus digne leur tragédie.
Au xxème siècle encore, le Portugal s’est engagé dans de nouvelles guerres en Afrique, des guerres coloniales, pour la défense de solutions politiques que l’Histoire a démontré être hors du temps. D’autres soldats y périrent, également avec honneur, et un esprit de sacrifice que nous avons tous l’obligation de respecter et de saluer. Ainsi, nous devons saluer les militaires portugais qui sont aujourd’hui présents dans des opérations de paix, dans divers scénarios internationaux à risque, dans l’accomplissement de missions déterminées par le pouvoir politique. Tous font partie de la même continuité de service public, et de la même Histoire.
Le Portugal est aujourd’hui un partenaire à part entière de la communauté internationale. Nos intérêts sont là où se trouve la défense de la paix, de la stabilité et de la liberté. Nous faisons partie de l’OTAN et de l’Union Européenne, nous maintenons une politique extérieure basée sur le dialogue, mais toujours autour de principes que nous nous efforçons de préserver et de promouvoir. Dans les Balkans ou à Timor-Est, nos Forces Armées sont aujourd’hui une contribution inestimable pour l’action externe du pays.
Tel qu’il est arrivé, en 1917, avec l’Armée qui est venue en Flandre, avec les hommes qui ont laissé leur vie ici et dont la mémoire nous honorons aujourd’hui et nous voulons préserver.
Alocução proferida nas cerimónia comemorativas da Batalha de La Lys, em Richebourg, em 18 dde Abril de 2009
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