11 de novembro de 2010

Portugal na primeira Grande Guerra

Nous sommes ici présents, aujourd’hui, pour rendre honneur à la mémoire. A la mémoire d’un conflit qui a divisé le monde mais, plus spécialement, à la mémoire des hommes qui ont perdu leur avenir pour assurer le nôtre.

Le XXème siècle a été une période tragique pendant laquelle deux guerres mondiales ont servi d’élément de reconstruction des pouvoirs à l’échelle globale, d’accommodation violente des ambitions et de définition de nouveaux équilibres.

Les guerres sont des phénomènes qui se sont prouvées impossibles d’éviter dans l’absolu et, par conséquent, les discours sur la paix éternelle ne sont rien d’autre que des exorcismes de bonne volonté. Cela vaut la peine de lutter pour la paix mais les deux dernières décennies nous ont démontré que ça ne vaut pas la peine de penser que l’Histoire est terminée. Au contraire, elle nous réserve des surprises, pas nécessairement toujours agréables.

C’est pour cette raison que des moments comme celui-ci sont revêtus de sens. Il faut recueillir les leçons de notre Histoire, non pas comme une sorte de projection vindicative sur ceux qui ont perdu les guerres, mais comme leçon  -  pour eux et pour nous – de ce qu’il nous faut faire pour éviter de nouvelles tragédies.

Cet armistice célèbre la fin de la Première Guerre Mondiale. Elle a été sanglante et porteuse de traumatismes que le futur ne manquera pas de faire revivre. Une nouvelle guerre, encore plus sanglante, aura lieu deux décennies plus tard.

Le Portugal a été l’un des pays qui ont participé à la Première Guerre Mondiale. Aux côtés des Alliés, l’armée portugaise s’est battue pour la liberté de l’Europe et des milliers de portugais ont déversé leur sang sur le sol français. Dans les cimetières de Richebourg, de Boulogne-sur-Mer, de Salomé et de Beauvin se trouvent les dépouilles mortelles de ces vaillants portugais. Beaucoup d’autres, blessés ou invalides, sont rentrés au Portugal. Je me souviens en avoir vu quelques uns, dans mon enfance, lors de cérémonies commémoratives réalisées dans ma ville natale.

Au moment où le Portugal a décidé d’entrer en guerre, son territoire n’était pas impliqué dans le conflit. La décision du gouvernement portugais a été déterminée par l’importance de garantir que l’agression qui avait été à l’origine de la guerre ne porte pas atteinte à des intérêts stratégiques qui, à l’époque, étaient considérés comme essentiels pour la souveraineté portugaise.

Ce sont les institutions de la République portugaise – qui, cette année, commémore son centenaire – qui ont décidé de notre participation à la guerre. Elle a eu un coût élevé, tant d’un point de vue humain qu’économique, mais aussi en ce qu’elle finit par aggraver la crise politique interne. Il résultera de cette crise, quelques années plus tard, la dictature qui s’abattra sur le Portugal pour des décennies.

Mais l’Histoire est un tout. Nous pouvons émettre des jugements de valeur sur ses différentes périodes, mais nous devons penser sereinement que tous font partie de notre héritage, de notre mémoire collective. Honorer les morts de nos guerres – de toutes nos guerres – est un devoir de citoyen de chaque pays. Celui qui est mort pour défendre notre drapeau doit toujours mériter notre respect.

Je conçois également cette cérémonie comme un hommage à l’amitié franco-portugaise.

Il y a exactement deux siècles de cela, à l’époque napoléonienne, le Portugal et la France ont été en guerre. Le Portugal a été envahi, au début du XIXème siècle,
à trois reprises, par les troupes françaises.

Mais le Portugal et la France ont su, depuis longtemps, surpasser ces périodes de conflit. Nos relations sont aujourd’hui excellentes. Des centaines de milliers de portugais et leurs descendants vivent en France, où ils font preuve d’honnêteté dans leur travail et de loyauté envers le pays qui les a accueillis. En tant qu’États, nous sommes aujourd’hui réunis et solidaires dans les alliances militaires, nous partageons l’unité européenne, nous portons un regard similaire vers les autres zones du monde – que ce soit vers l’Afrique, la Méditerranée ou l’Amérique Latine. Et, ce qui est le plus important, nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes principes de civilisation.

Je terminerai avec un message de respect envers les victimes du premier grand conflit mondial, dont nous commémorons aujourd’hui l’armistice. C’est face au sacrifice de tous, qu’ils soient des civils ou des militaires, que je m’incline avec respect.

Merci beaucoup pour votre attention.


* Intervention de l’Ambassadeur du Portugal, Francisco Seixas da Costa, à la cérémonie d’hommage aux soldats portugais à la Première Guerre Mondiale, le 11 novembre 2010