2 de fevereiro de 2009

L'Europe se doit d'exister!

On dit qu’il n’y a pas une deuxième chance pour créer une première impression. Voilà le défi de l’Europe devant la nouvelle administration américaine, pour ce qui est du cas de Guantanamo.


Partout dans le monde, l’utilisation de Guantanamo comme prison après le 11 septembre a été lue comme une erreur fatale pour la crédibilité des États-Unis d’Amérique, en tant que pouvoir démocratique, respectueux des Droits de l’Homme. L’annonce faite par le président Obama de son intention de mettre fin à ce centre de détention a soulevé un chorus d’approbation et a démontré que la nouvelle administration à Washington n’était pas indifférente à l’opinion publique mondiale.


Néanmoins, dès le début il est devenu très clair que la mise en œuvre de cette mesure n’était pas sans difficultés. Le statut de certains détenus face à la loi américaine, et devant le cours politique de leurs pays d’origine, soulevait des problèmes très importants. L’aide internationale pour les surmonter s’imposait dès lors.


Le ministre portugais des affaires étrangères, Luis Amado, a annoncé que le Portugal était prêt à faire sa part et à considérer la possibilité de recevoir certains d’entre les anciens prisonniers de Guantanamo, sous quelques conditions et, bien sûr, dans le cadre d’un effort européen collectif.


Cette volonté représentait un geste de solidarité naturelle avec notre partenaire de l’autre côté de l’Atlantique, en particulier au moment où un nouvel agenda stratégique entre l’Amérique et l’Europe se dessine comme possible et désirable.


A notre avis, soutenir les États-Unis dans cet effort pour s’éloigner des erreurs d’un passé récent, qu’on a tous refusé et critiqué vigoureusement, devrait être une priorité pour une Europe qui souligne fréquemment son attachement, soit aux valeurs de l’État de droit soit à l’importance du lien transatlantique pour sa propre sécurité. On n’est pas partenaire parce qu’on le dit: il faut en faire la preuve chaque fois qu’il s’avère nécessaire.


On n’ignore pas les difficultés juridiques et logistiques devant nous pour mettre en œuvre cette opération. Mais il est évident que l’Union Européenne a tous les moyens nécessaires pour la mener à bon terme, si elle le veut. Le cas des réfugiés palestiniens de l’église de la Nativité, en 2002, est là pour le prouver.


Mon gouvernent a noté avec grand intérêt l’approche très constructive du ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, sur cette question. En particulier, nous sommes tout-à- fait d’accord avec lui qu’il appartient aux américains de clarifier leurs intentions pour créer les bases pratiques susceptibles de faciliter la tâche européenne.


Le dernier Conseil des ministres des Affaires Étrangères de l'Union a entamé une discussion sur le thème, bien qu'il n’ait pris aucune décision concrète susceptible de conduire cette affaire à bon port.


Pour ce qui nous concerne, la question reste sur la table. Nous continuons à penser que l'Union Européenne doit affirmer une volonté politique à la hauteur de ses ambitions. Il serait en effet très regrettable que l'Union soit perçue de l'extérieur comme un club cacophonique toujours prêt à accuser les autres de fuir leurs responsabilités multilatérales, mais en même temps cachée en permanence derrière ses sensibilités nationales.

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